Revivez l’histoire de la bataille de Collarmont !
« Le 22 août 1914, à Collarmont, colline située entre Anderlues et Carnières, les soldats allemands et français se livrent à une bataille sanglante. L’armistice du 11 novembre, marquant la fin des combats de la 1ère Guerre mondiale, approche à grands pas… à l’occasion, que diriez-vous de revivre ces instants décisifs avec notre circuit mémoriel balisé ? »
Achille Van Yperzeele, historien local passionné, nous explique les faits qui se sont déroulés lors de la bataille de Collarmont et l’organisation de son cimetière militaire français.
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La bataille de Collarmont, une lutte acharnée
Le samedi 22 août 1914, en à peine 8 heures, chaque minute, 18 soldats perdaient la vie lors de la bataille de Collarmont qui a eu lieu sur les communes de Piéton-Anderlues-Carnières. Bien que de courte durée, cet affrontement fut terriblement meurtrier. Géographiquement, le champ de bataille est délimité au sud par la route de Charleroi vers Binche, par la chaussée Brunehaut au nord. Les combats les plus violents se déroulèrent au bois des Vallées (autour de la ferme du Viernoy) et au bois de Chèvremont-Warimez. Stratégiquement, les soldats français ont été envoyés en avant-garde pour protéger le retour de corps de la cavalerie du général Sordet et faciliter son repli pour assurer la liaison avec les Anglais.
« Les Allemands vont être surpris de se livrer combat dans ce champ de Collarmont. C’était une grosse surprise ! Des affrontements d’une violence inouïe aussi bien pour les Allemands que les Français. Des combats à l’arme blanche, à la baïonnette, au corps à corps avec un sentiment patriotique exacerbé propre à l’époque... Près de la moitié des 2000 soldats français vont périr dans l’offensive. Les 4 régiments allemands, quant à eux, perdront entre 3 à 4000 hommes. La position défensive des Français à faire creuser des tranchées par les fermiers du coin et disposer des mitrailleuses sur le terril n°4 d’Anderlues et celui de la fosse n°6 de Piéton explique probablement que les Allemands, bien qu’ayant une bonne coordination, aient encouru plus de pertes que les Français… »
L’organisation du cimetière militaire de Collarmont
Après les hostilités, les Allemands enlevèrent leurs morts et blessés pour les transporter vers la gare de Pièton où les trains spéciaux les amenèrent vers une destination inconnue. C’est seulement le dimanche 23 août dans l’après-midi que les membres de la Croix-Rouge, aidés du personnel des administrations communales et de nombreux habitants, s’attelèrent à l’inhumation des cadavres qui restaient encore sur le champ de bataille. Les tombes furent creusées aux endroits mêmes où ces héros étaient tombés pour leur patrie.
Leur éparpillement rendait la gestion et sauvegarde de celles-ci de plus en plus compliquées. Sur le territoire de Carnières, à la limite d’Anderlues, un cimetière militaire fut créé à la suite d’une assemblée générale de la Croix-Rouge le 9 novembre 1917. Concernant l’emplacement du cimetière, la requête a été adressée au Commissaire civil allemand de Thuin. Le 15 mars 1918, le principe du cimetière à son emplacement actuel a été retenu.
Cinq cimetières militaires français se situent sur l’ensemble des Batailles de la Sambre : Belle-Motte à Aiseau-Presles, Auvelais à Tamines, Heuleu à Lobbes, Collarmont-Carnières et Tarcienne. Une loi française de décembre 1915 décide la création de nécropoles nationales pour regrouper les corps des combattants « morts pour la France ». Les tombes sont alignées en rangées, seuls des rosiers rouges apportent une touche de couleur vive. On trouve quatre types d’emblèmes : croix latine, stèle musulmane, stèle israélite, stèle pour autre confession ou libre penseur. À la suite des transferts des sépultures allemandes, anglaises et françaises, il reste actuellement 247 tombes rappelant les tragiques combats des 21 et 22 août 1914.
« Pour la petite histoire, et après de longues recherches, j’ai retrouvé la tombe du soldat Maurice Lechenne porté disparu dans la région de Charleroi alors qu’il se battait avec le 24ième régiment d’infanterie. En fait, une erreur d’écriture figurait sur sa fosse à savoir Maurice Leghenne à la place de Maurice Lechenne. J’ai d’abord essayé de faire des recherches en changeant le « G » en « C » et assez rapidement, j’ai retrouvé la trace d’un Maurice LeChenne ! Il faut savoir qu’à l’époque leur identité était écrite sur une plaque attachée à leur corps en décomposition et une faute pouvait vite arriver… Je me suis dit que ça serait une bonne chose d’entrer en contact avec sa lointaine descendance. Quelle énorme surprise pour la famille d’apprendre cela 4 ou 5 générations plus tard… ;-) »
Un parcours mémoriel et didactique
À l’aide de panneaux didactiques, découvrez l’histoire de cette bataille. Avec cette balade balisée, vous pourrez contempler au loin notre châssis à molette, emblème type de la société houillère, dont les terrils jouxtant le site sont couverts d’une végétation foisonnante. « Pendant les combats, des mineurs se trouvant dans les galeries des charbonnages l’auraient d’ailleurs échappé belle… Un obus allemand, ayant traversé le châssis à molette sans le détruire, aurait permis de les ramener à la surface mais ces faits ne sont pas vérifiés… »
D’autres sites valent également le détour avec leur architecture particulière comme la ferme du Viernois, autrefois première possession de l’Ordre des Templiers à Piéton, ou encore la tour de la Bourlette, emblème d’Anderlues et ancien vestige de l’église Saint-Médard de style roman du 12ième siècle, servant autrefois de clocher, de beffroi et de tour fortifiée.